About Algeria

Ville d’Alger

Alger la blanche, est contrairement à ce que l’on croit, une ville européenne. La journée c’est le vrai souk, des hommes et des femmes, jeunes, vieux, tous sont là. On croirait que personne ne travaille (c’est peut-être le cas). Des jeunes se croisent et se recroisent suivant un même rythme. D’autres n’ont fait que reprendre position dans une cage d’escalier abandonnée la veille. D’autres encore, tant bien que mal, essaient de draguer des filles, parfois gentiment d’autres fois agressivement. Des groupes de filles s’égosillent gaiement, dévoilant leurs charmes comme ne peuvent le faire des filles vivant dans une société conservatrice. Elles exhibent des tenues parfois provocantes (on les appelle Hélène et les garçons) et parfois strictes genre hidjah. Des tenues où le voile et le court font bon ménage. Des magasins alléchants se font la concurrence, à qui attirera le plus de jeunes. Cuir, artisanat, cosmétique. Société de consommation tout s’achète.

Mahdi et Hocine deux jeunes étudiants de 22 ans ont grandi dans cette atmosphère et acceptent avec beaucoup d’humour de me parler de leur ville.

Nous sommes dans un café, le QG de groupes de rock et de hard rock dont ils font parti. C’est un endroit accessible aux jeunes car on n’exige pas d’eux comme dans d’autres salons de thé de prendre un complément gâteau ou encore quitter la table au bout d’une heure. Ils aiment leur ville et en sont fiers mais cela ne les empêche nullement de porter un regard critique. A tour de rôle et parfois en même temps ils la dépècent et un flot de paroles se déverse.

Alger est une belle ville mais polluée. Ces dernières années pour des raisons de politique, de décentralisation et d’insécurité, nous voyons affluer de plus en plus de monde vers cette ville. La misère devient de plus en plus perceptible, des enfants ne vont plus à l’école et font fonction de chef de famille en vendant des cigarettes à la sauvette ou encore en proposant de nettoyer les vitres des voitures prises dans des embouteillages, des fous arpentent les rues et parfois en les écoutant on se demande si ils le sont vraiment ? de plus en plus de filles et de garçons se prostituent pour pouvoir s’en sortir. Les salles de cinémas sont fermées ou mal fréquentées et les films qu’on y projette sont piratés et en vidéo.

Alger la nuit est encore plus belle mais elle appartient à un autre monde. Celui des petits affairistes, revendeurs de drogue, trabendistes (marché parallèle). C’est aussi la propriété exclusive des hommes. Ils s’occupent comme ils peuvent.

Dans les quartiers populaires les jeunes se sont organisés pour louer et installer des tables de billard, de ping pong, des flippers en plein air dans les allées qui mènent à l’immeuble. D’autres jeunes qui ont les moyens vont en boite ou improvisent des soirées. En conclusion Mahdi et Hocine me disent. Finalement Alger n’est pas si différente que çà d’autres villes du monde, seulement nos problèmes sont différents.


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